Montréal, 16 juin 2021 – Avec son annonce, le ministre Boulet et le gouvernement caquiste font preuve d’un manque profond de connaissance de ce qu’est l’action communautaire autonome (ACA) et l’éducation populaire autonome (ÉPA) ainsi que de nos missions, de nos besoins et de nos revendications historiques.
En effet, le 14 juin dernier, le ministre Boulet a annoncé une aide supplémentaire de 24 millions de dollars sur trois ans pour bonifier l’aide financière accordée aux organismes communautaires qui souhaitent développer les compétences de leurs employé.e.s et recourir à des services externes en matière de gestion des ressources humaines.
Nous ne sommes pas des entreprises!
Le discours du ministre Boulet présente le secteur privé comme un modèle à suivre en matière de rétention de la main-d’œuvre. Le ministre sous-entend que, pour mieux réussir, le communautaire devrait importer les pratiques du privé dans le milieu communautaire résolvant ainsi les problèmes de roulement de personnel. C’est un grave manque de respect envers nos connaissances et nos pratiques.
« On ne peut pas affirmer vouloir soutenir les organismes communautaires, souligner leur apport fondamental à la société, leurs pratiques alternatives, tout en disant par la suite qu’ils ont besoin d’être accompagnés et formés, par des ressources issues du privé, pour mieux faire leur travail », dénonce Jana Tostado de Loizaga co-coordonnatrice du MÉPACQ.
Roulement dans le milieu communautaire
Selon le gouvernement cette annonce vise à « soutenir les organismes communautaires dans la mise en place de stratégies visant à attirer et à retenir une main-d’œuvre qualifiée ». Si le communautaire n’est pas un milieu qui incite les travailleuses et travailleurs à demeurer dans leur poste, ce n’est pas par manque de formations et d’accompagnement, c’est avant tout par manque de ressources financières pour offrir des conditions de travail qui permette de vivre dignement. « Le Ministre Boulet souhaite-t-il qu’on retienne nos employé-e-s sans les rémunérer convenablement ? Bien qu’il se dise proche du mouvement communautaire, en annonçant un énième programme où soumettre des demandes et encore plus de paperasses à remplir, le ministre démontre son incompréhension de notre autonomie et des besoins exprimés par le milieu », affirme Valérie Lépine co-coordonnatrice du MÉPACQ.
Un filet social amoché
Les organismes dénoncent depuis des années les trous béants dans notre filet social. «Ce dont les groupes ont besoin pour soutenir les populations les plus précarisées, en plus du financement adéquat de leur mission, c’est d’un réinvestissement massif dans les protections sociales et les programmes sociaux. Ce gouvernement ne travaille pas à retisser le filet social dont nous aurions eu grand besoin pendant cette période de crise », martèle Valérie Lépine.
Une demande historique claire : Du financement à la mission dans le respect de notre autonomie
Les groupes communautaires militent depuis des années pour une reconnaissance et un financement à la mission de base. C’est la revendication principale portée au MÉPACQ depuis 40 ans et qui fait l’unanimité dans un milieu qui revendique l’éducation populaire autonome (ÉPA), axée sur la diversité d’analyses et de pratiques. La défense de l’autonomie des groupes est également au cœur de nos luttes, puisque notre existence même est née de la volonté collective de comprendre et de s’organiser pour répondre aux problèmes rencontrés par les populations les plus précarisées.
« Le ministre fait un coup d’éclat médiatique, mais ce faisant il balaie nos demandes historiques du revers de la main. Nous avons besoin d’argent pour nos missions, combien de temps encore va-t-il falloir le répéter?» ajoute Vania Wright-Larin, coordonnateur du RÉPAC 03-12.
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Source :
Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ)
Le MÉPACQ est un mouvement national et multisectoriel qui travaille à la transformation sociale dans une perspective de justice sociale. Il regroupe 11 Tables régionales en éducation populaire autonome (ÉPA) qui regroupent 333 groupes populaires et communautaires autonomes.
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Valérie Lépine
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